Comment l’homme a modelé le pays foyen.
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Novembre 2020.
Depuis 10ans le musée et les Amis de Sainte-Foy réalisent une recherche en lien avec le thème des « Reclusiennes ». Les « Reclusiennes » sont une manifestation autour de l’œuvre des Reclus : chercheurs, historiens, ethnologues et autres s’expriment pendant 4 jours en juillet à Sainte Foy.
Covid oblige, la manifestation a été annulée, mais notre recherche est faite. Veuillez la trouver ci-dessous.
L'HOMME ET LA TERRE
L’HOMME ET SON MILIEU SONT INSÉPARABLES. INTERACTIONS TERRE ET HOMME
Notre terroir s’est construit par l’accumulation des différents flux et reflux marins faisant alterner les dépôts marins lacustres fluviaux depuis le début de l’ère quaternaire.
Un fleuve important la Dordogne s’est, depuis le Mont-Dore, frayé un passage en direction de la mer serpentant, usant et creusant successivement toutes les couches précédentes découpant en falaises les roches les plus dures calcaires et en pente plus douce les molasses élargissant et approfondissant sa vallée par étapes jusqu’au niveau actuel à 20 mètres environ à la faveur d’inondations elle a déposé ses alluvions au-dessus de la couche molassique où elle repose.Après des étapes plus contestées (plus de 6 milliards de personnes) l’humanité s’est installée en tant qu’incontestable espèce dominante de la Terre. Et sa présence, ses activités ont façonné durablement la planète et tous ses écosystèmes. L’industrie, l’agriculture, le logement, les transports, la pêche…, la moindre activité humaine a un impact sur la Terre. Pendant longtemps, son immensité a pu amortir, absorber, diluer et finalement « digérer » les activités humaines .
Bien sûr, l’humanité reste peu de chose devant de nombreux phénomènes naturels. Les catastrophes qui s’enchaînent, tempêtes, ouragans, tremblements de terre, éruptions volcaniques, tsunamis, inondations sont là pour nous le rappeler. Et la nature n’a pas attendu l’homme pour alterner les cycles glaciaires, pour faire varier le niveau des mers, pour faire disparaître des espèces. Des six grandes extinctions dont nous avons pu retrouver les traces, l’une a conduit à la disparition de 90 % des espèces, une autre à l’extinction des dinosaures . On le sait, l’autre grand impact des activités humaines sur la Terre est lié au climat. Les fortes émissions de dioxyde de carbone venues de la combustion des énergies fossiles ont « emballé » l’effet de serre. En lui-même, celui-ci est une bénédiction qui a permis l’éclosion de la vie. Mais fournir à l’atmosphère de grandes quantités de gaz carbonique revient à jeter des pelletées de charbon dans une chaudière : la température monte.
La Terre n’est pas domestiquée, elle est exploitée, voire surexploitée.
Effacer les traces de l’homme sur la planète prendrait plusieurs milliers d’années. Mais la Terre y arriverait.
Le pays foyen
- un ensemble géographique, économique, culturel et social à l'originalité forte dont l'agglomération foyenne représente le centre attractif. - un ensemble à l'échelle humaine parcourable à pied en 1 ou 2 journées, à cheval sur trois départements. - un territoire entre Mer et Montagne, entre Mer et Vignobles. - une porte avec un gué puis un pont, la rivière, le chemin de fer, la route. le pays foyen avec ses identités arrive à survivre malgré tous les tiraillements, découpages qu'il subit. Organisations politiques, administratives, religieuses, etc ne le rattachent pas aux mêmes zones. -
LA TERRE FOYENNE
DIVISER POUR MIEUX RÉGNER.
L’invention de l’agriculture condamne le nomadisme. L’homme s’approprie la terre par son travail de culture. Le partage de la terre commence.
la création de la bastide en 1255 par Alphonse de Poitiers répond à plusieurs exigences :
– mettre en valeur une région en déshérence.
– fixer la population pour la taxer.
– marquer son territoire.Les paroisses sont transformées en communes le 14 décembre 1789.
Sur la proposition de Jean Cassini (1758-1845) la révolution découpe en 1793 la France en 83 départements et 555 districts qui deviennent des circonscriptions en 1800.
« L’appropriation des terres incultes, des landes et des garrigues, des eaux et forêts par les princes et hauts seigneurs se retrouve partout et renvoie d’abord à une exploitation plus systématique du saltus (terre non cultivée, sauvage) dans un contexte de pression démographique et de concurrence seigneuriale ; Le contrôle de la circulation, la réglementation de l’accès à l’eau ou au bois, de la pratique de la pêche ou de la construction des moulins manifestent concrètement l’emprise croissante de seigneurs sur des espaces jusque là partagés avec les paysans. »
« À partir de la seconde moitié du XIème siècle, la tendance au regroupement de l’habitat s’accentue, achevant de former…..le tissu des villages que nous connaissons….. Elle s’accompagne en revanche d’une intensification de l’action humaine sur l’environnement et les paysages. »
« La charte entraîne de fait la reconnaissance formelle de l’existence d’une communauté, dont les membres sont définis par leur statut individuel mais aussi par un statut collectif…..Cette reconnaissance va jusqu’à l’institutionnalisation d’une représentation qui établit la désignation par les habitants d’un maire et de jurés pourvu d’un mandat annuel » [Maire ou premier consul, consuls ou jurats suivant les régions] Florian Mazel, féodalités 888-1180, collection Histoire de France. Belin. 2010.
« Le manse est à la fois une unité d’habitat, une unité d’exploitation et une unité seigneuriale (pour la taxation). Mais le plus souvent les manses sont fractionnés en demi ou en quart de manse, répartis entre différents tenanciers et sans véritable cohésion foncière.
« L’essartage à partir du XIème siècle libère de nouvelles terres pour l’agriculture »DIVISER POUR MIEUX RÉGNER : LES RELIGIONS.
Dieu a fourni à la terre la pluie, qui la féconde, et l'homme, qui la détruit.
Dicton persan.
La paroisse se constitue autour d’une église, elle se définit géographiquement par les lieux d’habitation des paroissiens, Elle fluctue donc en fonction de la répartition des populations au cours des années. La mise en place de la dîme (impôt dû à l’église) impose un zonage géographique précis et fixe : il faut garantir à chaque église une base de taxation stable et pérenne. Cela va conforter l’identité communautaire. La région se partage entre les diocèses de Bordeaux et de Périgueux. Mais Sainte Foy est rattachée au diocèse d'Agen et Saint Avit du Moiron au diocèse de Sarlat jusqu'en 1802. Au moyen âge le terme commune désigne les villes auxquelles sont accordées un ensemble des chartes. La paroisse est une division du diocèse. Elle servira de base à la commune créée en 1789.Archidiocèses et diocèses sont créés à partir du IIIème siècle.
Le Concordat de 1801 fixe définitivement les découpages religieux.
Le protestantisme avait repris le découpage de l’église catholique. Aujourd’hui le découpage se fait en Consistoires divisés en paroisses (la paroisse recouvre plusieurs communes).
Consistoire Dordogne : Bergeracois, Libourne/Castillon/Flaujagues, Moyenne Dordogne, Pays foyen, Périgueux
Consistoire de l’ Agenais, Agen, Albret/Armagnac, Marmande, Tonneins, Vallée du Lot
Consistoire Guyenne, Bassin d’Arcachon et nord des Landes, Bordeaux, Bordeaux centre ville, Bordeaux Nord Ouest, Bordeaux Rive Droite, Bordeaux Sud Ouest, Nord Médoc
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DIVISIONS ADMINISTRATIVES DE LA TERRE (POUR MIEUX GÉRER)
La révolution de 1789 crée les communes regroupées en districts, eux-mêmes réunis en départements.
En 1800 le district devient l’arrondissement.
Un territoire uni. Unité de langue de terroirs de culture démantelé.
La CDC du Pays Foyen est à cheval sur les anciens cantons de La Force, Sainte Foy et Pellegrue
Les fusions :
Saint Avit du Tizac / Port Sainte Foy / Ponchat, Bonneville / Saint Avit de Fumadières, Saint Aulaye / Le Breuilh = Saint Antoine de Breuilh, Saint Avit du Moiron / Saint Nazaire, Saint André /Sainte Foy des Aigrons / Appelles, Les Lèves / Thoumeyragues
le problème des fusions ou coopérations avortées entre Pineuilh et Sainte Foy : 1867, 1878, 1960, 1970, 2015Sainte Foy et la formation d’un département en 1790
Ste Foy n’est que la »simple capitale de subdélégation parmi les 29 qui divisent l’intendance de Bordeaux ….. sa circonscription couvre 85 paroisses » (750 ans de la bastide, colloque 2005 Amis de Sainte Foy et sa région)
En 1790 Sainte Foy ambitionne d’être la capitale d’un département intermédiaire entre Gironde et Dordogne. Il n’en sera rien. Le foyen Mestre, député, imagine Sainte Foy chef lieu de district rattaché à la Dordogne. Ce sera chef lieu de canton rattaché à la Gironde. (mars 1790)
La Gironde devient département du Bec d’Ambès de 1793 à 1795 par la Convention.
25 juin 1940 la ligne de démarcation coupe la France en deux, le Pays Foyen est rattaché à la Dordogne jusqu’en 1942 avec l’invasion de la zone libre par l’occupant.
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LA TERRE NOURRICIÈRE
"La Terre est la Mère et le Tombeau de tous les hommes. " Proverbe danois ; Les proverbes et adages du Danemark (1956)
Évolution de la taille des exploitations agricoles
année hectare
1950 15
1970 19
1979 23
1988 27
2000 43
2010 56
2016 63
les grosses propriétés ont grossi plus vite.Évolution du nombre d’exploitations agricoles
année nombre d’exploitations
1955 2 307 000
1970 1 588 000
1979 1 236 000
1988 1 017 000
2000 664 000
201 491 000
2013 452 000En 1988 sur la CDC la surface agricole représente 14 449 hectares. En 2010, 13 173 hectares soit une baisse de 9 %. La production agricole est réalisée par 430 exploitations en 2010, soit 44 % de moins qu'en 1990. La moyenne est de 18 hectares en 1988 et 30 hectares en 2010. On assiste aussi à la concentration de plusieurs exploitations entre les mains d'un seul propriétaire. La viticulture progresse à 59 % des surfaces cultivées au détriment des céréales et vergers. Où sont les champs de maïs, tabac des années 1960/1970 ? ( Rapport CDC du Pays Foyen 2012.). La mécanisation a engendré une perte de main d'œuvre agricole permanente et saisonnière. [/column]Évolution des surfaces cultivées
année surface cultivée
1950 34 408 000
1960 34 544 000
1970 32 544 000
1980 37 744 000
1990 30 615 000
2000 29 807 000
2010 28 926 000
2014 28 766 000Soit une diminution de 17% des surfaces cultivées.
Données nationales de l’AGRESTE, pas de chiffres par régions
croyances et religions
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LA TERRE CONQUISE
La Géographie n'est autre chose que l'Histoire dans l'Espace, de même que l'Histoire est la Géographie dans le Temps.
Élisée Reclus
Les barrages : le réseau hydrographique du bassin de la Dordogne est le premier de France en nombre de retenues d’eau.
le SAGE couvre les bassins de la Dordogne. schéma d’Aménagement de Gestion de l’EauLe pays foyen et les anciens méandres et lits secondaires de la rivière.
La carte située à gauche représente la vallée de la Dordogne au Xème siècle. Les Fouilles réalisées par INRAP à Pineuilh en 2005 ont trouvé des bras mourants de la rivière transformés en vasières. L’agriculture des siècles suivants ainsi que le façonnage de la rivière pour la navigation les font définitivement disparaître.
Une rivière canalisée : barrages, retenues d’eau, quais, et le pompage de l’eau pour l’agriculture.
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LA TERRE PARTAGÉE
Au XXème siècle la migration se fait de la bastide vers les communes environnantes. » ceci en fait un territoire à dominante rurale dominé par l’agglomération qui joue un rôle de centralité du fait de son positionnement géographique et de son accessibilité »
« compte tenu d’un solde naturel négatif à l’échelle de la CDC, l’évolution démographique est fortement influencée par un excédent du solde migratoire largement positif entre 1968 et 2044. Ce facteur est renforcé par le fait que le solde naturel a eu tendance à se stabiliser sur cette même période » (PLUI)CDC
Évolution des surfaces bâties dans l'agglomération foyenne
Densité de la population : CDC du Pays Foyen et CDC du Pays de Montaigne et Gurçon.
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LA TERRE (RÉVOLTÉE)
Le climat
Les inondations
-Les inondations de plaines sont provoquées par un débordement des cours d’eau dû à des pluies abondantes et durables. En plus de ses bassins versants, la Dordogne recueille les eaux de plusieurs autres bassins tels que ceux de la Corrèze et du Lot qui viennent gonfler les rivières. Ces montées des eaux, plus ou moins rapides, exposent les communes qui bordent la Dordogne. -Les inondations dites torrentielles qui surviennent lors de pluies de très forte intensité et en général très localisées. Elles se caractérisent par un ruissellement abondant et violent, des eaux pluviales. La Dordogne a connu de nombreuses crues au cours des derniers siècles. Les principales sont listées dans le tableau ci-après. Les valeurs de débits maximaux ont été estimées au niveau des stations hydrométriques de Bergerac et de Pessac.Les plus dramatiques et importantes inondations eurent lieu lors des crues de la Dordogne :
en 1728, 1783, 1843, 1912, 1944.D’autres crues moins importantes :
1952, 1960, 1982, 1994.Janvier 1728
L’eau atteint 12,48 mètres au port de Bergerac.
Année exceptionnelle par le débordement des rivières de la Dordogne et de la Vézère devant Limeuil.Mars 1783
Le niveau dépasse les 11,73 mètres. Le pont de Bergerac, construit vers 1209, ne résiste pas aux assauts des flots et disparaît dans la nuit du 6 au 7 mars 1783.Janvier 1843
Le 10 janvier 1843 la Dordogne atteint les 10,92 mètres à Bergerac. Elle continue de monter jusqu’au 16 janvier, faisant de gros dégâts. Le sous-préfet écrit dans une note, que le 13 janvier, la Dordogne envahie des rues de la ville. Trois jours plus tard se produit une nouvelle hausse des eaux. Le premier étage de quelques maisons est atteint.
Cette crue endommage également, les murs de la bastide de Sainte-Foy-la-Grande, comme l’indique le compte rendu du Conseil municipal du 13 août 1843.À Sainte Foy une partie des fortifications est emportée créant « La Brèche ».
Mars 1912
Le 26 mars 1912, le niveau de la Dordogne atteint 10,60 mètres au port de Bergerac. Au Fleix dans le virage du Sac, le courant impétueux endommage le pont du Mignon.
A Sainte-Foy, l’eau submerge les quais et se répand dans les rues. Les Allées de Coreilhes sont noyées. L’eau passe la Place Jean-Jaurès et se déverse sur le boulevard Gratiolet ou l’on se déplace en barque. De l’autre côté de la ville le même phénomène se produit au Jardin Public, route du Fleix, de Bergerac et boulevard Larégnère. Au bord de la rivière l’eau monte jusqu’au premier étage des maisons.Décembre 1944
Le 9 décembre, le niveau de la Dordogne atteint 10,60 mètres à l’échelle de Bergerac. Pratiquement équivalente à la crue de 1912, cette montée rapide des eaux a les mêmes effets sur la bastide de Sainte-Foy-la-Grande. Rues et Places sont inondées. Côté Port-Sainte-Foy, l’eau atteint presque le tablier du pont suspendu.
La crue de 1944, est considérée comme la dernière grande crue centennale du XXe siècle. Les suivantes sont moins importantes et n’atteignent jamais les niveaux de 1912 et 1944.Les grands froids
1934
La Dordogne gèle.Février 1956
En Pays foyen, cet épisode est encore dans toutes les mémoires. La température atteint – 28°. Il tombe une épaisseur de 60 à 80 centimètres de neige, qui recouvre les rues, et les palmiers de l’Avenue Paul Bert n’y résistent pas.Décembre 1999
Deux dépressions nommées respectivement Lothar et Martin ont traversé l’Europe occidentale.
Dans la soirée du 27 décembre 1999 et dans la nuit qui a suivi, la tempête Martin balayait toute la région et la Dordogne. Le bilan humain officiel fait état 27 morts en France. Les appareils de la station météo départementale de Bergerac ont plafonné leurs mesures du vent à 140km/h. On estime toutefois que les rafales les plus fortes ont approché les 200 km/h, en Nontronnais.