« L’abbé Bergey, curé de Saint-Émilion, fut le plus actif des journalistes du front ; il ne fonda pas moins de trois petite gazettes : Le Poilu Saint-Émilionnais, Le Rayon, Nos Filleul.
L’abbé Bergey, aumônier du 18e d’Infanterie, n’était pas un aumônier comme les autres, car il avait la manie de faire le coup de feu avec les camarades, bien que ce fût très défendu. Sous sa soutane, il avait la mauvaise habitude de porter un revolver, quelques grenades.
Le Poilu Saint-Émilionnais qui naquit en 1915 dans une cagna misérable du plateau Vauclerc, fut le principal journal de l’aumônier du 18e R.I. Il n’était pas seulement l’organe de ce régiment, mais celui des combattants de toute une commune et de leurs familles ; en effet, il recevait des nouvelles de tous les poilus de Saint-Émilion disséminés sur tout le front. Le Rayon qui publiait des articles en langue d’oc, en béarnais, en basque, s’adressait plus particulièrement aux soldats du 18e R.I. Quant à Nos filleuls, son rôle était bien déterminé : trouver des marraines pour les combattants des régions envahies, leur procurer des foyers où passer leur permission et donner de l’argent aux jeunes soldats pauvres qui se mariaient.
L’abbé Bergey fut longtemps le seul rédacteur et dessinateur de ces journaux du front ; mais par la suite, il trouva deux collaborateurs qui l’aidèrent dans sa tâche : les dessinateurs Frédus (1) et J.-J. Rousseau qui lui envoyèrent des compositions. Les journaux de l’aumônier du 18e R.I. n’interrompirent leur publication à certaines époques de la guerre qu’à la suite de circonstances sérieuses : une fois, lorsque le directeur fut blessé ; une autre fois, lorsqu’il fut gazé ; un jour, en juin 1918, dans le village de Tronquais, région de Mondidier, la salle de rédaction du Poilu Saint-Émilionnais installée dans un chai fut démolie par deux fois par un obus ; la première fois, l’abbé Bergey fut enseveli ; la seconde fois, il put sortir à temps, mais la copie y resta.
Le Poilu Saint-Émilionnais tirait à 2.000 exemplaires environ. Il était imprimé sur 12 et 16 pages du format 20 x 26. Certains numéros comportaient de nombreuses photographies de combattants tombés au champ d’honneur, pour la plupart originaire de Saint-Émilion.
… Le Poilu Saint-Émilionnais eut vingt-cinq numéros jusqu’à l’armistice ; un dernier numéro ― le 26e ― parut daté de février-mars 1919, numéro de la Victoire. Ses frères, Le Rayon et Nos Filleuls disparurent avec lui. On sait que leur directeur fut élu après la guerre député de la Gironde. »
TEXTES EN GASCON.
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Ma Garbetto.
(Ma petite gerbe)
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Pour rire et pour pleurer.
Poésies.
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Pre ride et pre ploura.
Pouesios.
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Broutilles pour attiser nos tendresses
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Broustillos pr’attidouna nostos amous
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Récits et poésies en Langue d’Oc (contrée de Lesparre) avec traduction de l’auteur.
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Abbé D-M. BERGEY. Curé de Saint Emilion
ex-Aumonier Militaire du 18 ème R.I. |
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Edition de la Revue Méridionale. 5 rue Fondaudège. Bordeaux. 1923.
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Collection Christian de Los Angeles.
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Le vitrail (D’après Jules Romain.) Lou bitrail
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A M. l’Abbé Lamartinie, père de la jeunesse et ami des vieilles choses.
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A Moussu l’Abbè Lamartinio, pay de la dzenesso et amic daou beillume.
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Entre les deux piliers, dressés dans la pénombre,
Qui portent, tout gaillards, la charge des arceaux,
La chapelle du Saint, où veille une bannière,
Ressemble à un port assoupi, où dorment las bateaux.
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Entre tous dus pilas, mastats dens la negreyro,
Que porten, tout gaillards, la cargo das arcéous,
La chapello daou Sent, an beillo eno baneyro,
Semblo en port assoupit, an dromen lous batéous.
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Et tant d’âmes, déjà, mouettes épouvantées,
Que, tourmentait sur les flots, le vent de la grande mer
Sont venues replier leurs ailes démontées,
Qu’un peu de duvet blanc semble tout embrumer.
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Et tant d’amos, didza, mouettos enchantádos,
Que trementaou, sas flots, lou bèn de la grand ma,
An bingut replega lus alos desmountádos,
Qu’en tsic de duvet blanc semblo tout embruma.
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Le vitrail, allumé par les lumières de dehors,
Etend sur son entour pauvre, froid, sans ornement,
La charité des ors, des argents. A toute heure,
Il couvre la pauvreté d’un morceau de firmament.
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Lou bitrail, allucat per las luts de dehoro,
Esparo a tout l’entourn nut, freyt, sens ournemen,
La charitat das orts, das ardzèns. A touto hóro,
Cobro la praoubetat d’en tros de firmamen.
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… Quand je passe, le soir, dans mon église endormie,
Je regarde mon beau vitrail, épiant si, peutêtre,
Il ne voudrait pas s’entrouvrir, pour que mon âme avide
Puisse voir, au travers, le bon Dieu et le Ciel …..
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… Quand passi, lou dessey, dens ma gleizo endroumido,
Gayti moun bèt bitrail, espiants se, belèou,
Boudrè pas s’entroubri, pré que moun amo abido
Pusque bèyre, a traouès, lou boun Diou et lou Clèou…
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Semelioun, Agout 1923.
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D-M. BERGEY.
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C’es t un bel homme, grand et costaud, débordant d’énergie.
Après la guerre, son charisme, son grand talent d’orateur et de polémiste en font un militant catholique de premier plan.
il est membre de l’UPR (Union populaire Républicaine)
De 1924 à 1928 élu comme non inscrit
Membre de la Commission d’Alsace-Lorraine, de celle de la marine marchande et celle des boissons, il intervient à de nombreuses reprises sur les sujets dont nous citerons les principaux: la politique du Gouvernement en Alsace-Lorraine (1929) ; le budget de l’instruction publiqué de l’exercice 1930 (1930), l’amélioration du marché des vins (1930); le budget de la Santé publique de l’exercice 1931-1932, celui de l’Instruction publique, celui de l’Agriculture et celui du Commerce et de l’Industrie ; la viticulture et le commerce des vins, la politique extérieure du Gouvernement (1931) et le budget des pensions de l’exercice 1932 au cours duquel il plaide tout spécialement la cause des blessés du poumon et des tuberculeux de guerre (1932). De 1928 à 1932 élu comme Député indépendant
Député de Gironde de 1924 à 1932, il anime la mobilisation des catholiques contre l’application de la Séparation de l’Eglise et de l’Etat à l’Alsace et à la Moselle. Fondateur de la Ligue des Prêtres anciens combattants et principal orateur de la Fédération Nationale Catholique, il est une des figures marquantes de l’entre deux guerres.
En 1932 il se désiste en faveur de Philippe Henriot qui sera élu comme de la 4° circonscription de Bordeaux[]. P. Henriot devient ainsi le seul représentant de la Gironde au Parlement avec un autre député de centre-droit, Georges Mandel. Élu vice-président de la Fédération républicaine (un mouvement conservateur qui se droitise dans les années 1930), Henriot coordonne au plan national les Jeunesses de la Fédération (JFR), créées en 1935. Réélu le 27 septembre 1936[], Il est député jusqu’en 194.
Défilé catholique à Sainte Foy en 1932 en soutient à L’abbé Bergey
Les prises de position de l’abbé Bergey dans le journal « Soutanes de France » lui vaudront d’être emprisonné à la Libération, puis acquitté en 1945.
Depuis 1932 il est nommé vicaire à Saint Emilion, mais officie très régulièrement aussi à Sainte Foy. Il décède le 31/12/1950 à Saint-Emilion
Sources : sur internet des sites consacrés aux journaux des tranchées, Les archives de l’Assemblée Nationale, Le site de Christian de Los Angeles sur la poésie gasconne.
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